Les geishas me manquent. Cette vision irreelle,vestige du passe, ajoute a l'instant la touche poetique et mysterieuse qui fait souvent defaut a la Chine. J'en imagine une passer devant la fenetre du bar ou je me rechauffe a porter du brasero. Dans la lumiere grise et pale de ce jour neigeux, je vois cette tache de couleur vive dans cette fenetre grise. Moment propice a la poesie. L'imaginer me procure de la joie. Mais ce n'est que reve loin de la realite. Et le reel possede un avantage considerable sur la fiction...


Tire d'une lettre ecrite en fevrier 2005

Je declare officiellement la guerre a la citroen rouge, aux chauffeurs qui ne se lavent pas de la semaine et a tout ceux qui ne me respectent pas en tant qu'adepte de la bicyclette.


Assez de faire le gentil, de m'arreter pour laisser passer ces carioles deglinguees. Non au despotisme obscure qui donne a la ZX un pouvoir proche de celui d'un videur de boite "toi tu passes, toi tu passes pas" Si les chinois ne respectent pas les autres, pourquoi je le ferais a leur place?


Desormais je sors les crocs. Tel un lion pres d'un point d'eau, je durcis mon regard, bande mes muscles, projete ma volonte aux etres vivants environnants guettant l'hesitation qui en fera des proies faciles.


Mon arme: ma sonnette.


Ma motivation: j'ai pas change, je suis toujours a la bourre.


Ma force: Un melange de "je m'en foutisme" et de "si je ne m'arrete pas, auras-tu les couilles de ne pas le faire?" qui peut etre resume par cette phrase: "toi le taxi, qui te crois au dessus des lois, si tu ne veux pas me renverser et risquer la prison, arretes toi ou la volonte divine s'abattra sur toi!"


Alors je fonce, je les force a ce plier a ma volonte, j'anhile leur mentale par un CHI sans faille et je file, je file telle une fleche dans le vent, tel Virenque sur son velo apres une visite chez son medecin, courbant mon echine pour aerodynamiser mon corps et ne faire qu'un avec ma machine. Et c'est dans ses moments la, que s'ouvre en moi un monde nouveau, ou les sens se decuplent. En moi je sens la puissance, la ville coule dans mes veines, rien ne peut m'arreter...


Si ce n'est...
Si ce n'est une souris, qui se baladait de bon matin, se baladait sur les chemins, a bicyclette.


GAME OVER.


Le lion est, a son tour, devenue une souris submerge par le rumeur de la ville; qui tente par tous les moyens de respirer entre deux taxis et qui se range a la moindre sonnette de bicyclette.


Moralite de l'histoire: "Il faut savoir qu'il y a deux manieres de combattre, l'une par les lois, l'autre par la force : la premiere sorte est propre aux hommes, la seconde propre aux betes, mais comme la premiere bien souvent ne suffit pas, il faut recourir :la seconde. Ce pourquoi est necessaire au prince de savoir bien pratiquer la bete et l'homme (...) Puis donc le prince doit savoir bien user de la bete, il en doit choisir le renard et le lion ; car le lion ne peut se defendre des rats, le renard des loups ; Il faut donc etre renard pour connaître les filets, et lion pour faire peur aux loups. Ceux qui simplement veulent faire les lions, ils n'y entendent rien ". -Machiavel -

La terre et le ciel n'ont cesse de me parler de coq. L'annee du coq, le signe du coq, un signe qui te va bien ! Es-tu un coq ?

Coq ? Quelle grossierete ! Mais qui etes vous donc pour osez admonester ma modeste personne de la sorte ! Coq. Quelle deraison !

Ecoute l'ami, le bon a rien qui te parle n'est pas un "coq" mais bien le grand frere feru de justice qui porte le nom de Petit-Rat cependant celebrer dans tout l'empire sous le nom de Rat-le-Pelerin revenant par bus et par avion d'au-dela des mers, du pays du soleil levant.

Parcourant l'histoire d'Edo a Kyoto, voyageant sur les traces de Miyamoto Musashi et la voie du sabre, votre serviteur a passer 8 jours sur les routes encombrees menant a l'ancienne capitale. Mon compagnon Stephane, connu parmi les rivieres et les lacs comme Pluie Opportune un fameux brave, et moi-meme avons decouvert un pays en totale contradiction avec son frere de sang : le Grand Chine. De proche parente, fruit d'une histoire etroitement liee, les deux freres ennemis d'aujourd'hui n'en reste pas moins issu du meme ventre.

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Extrait du journal de bord de Rat le pelerin. - Premier jour -

C'est calme, trop calme. Il manque quelque chose a cette ville... De la vie? Non, c'est une megalopole nourrie par des millions d'ames. C'est du bruit qu'il manque. Ici pas de taxi claxonnants, pas d'exclamations bruyantes. Tout est calfeutre, les lieux publiques, les bars comme les gens. Mais au-dela du manque d'attaques sonores, c'est l'organisation qui saisit. Ou plutôt le bordel organise de Pekin qui fait defaut. Proprete, respect d'autrui, sobriete ont l'air d'etre les maitres mots ici. Bienvenue au Japon.
Apres la Chine, voyager au Japon vous assure un contraste detonnant. Pourtant d'une culture proche c'est le jour et la nuit. Ça etonne plus que cela surprend. Au fond, on s'y attend avant t'entreprendre ce voyage. Mais de le voir cela prend une autre
dimension. Ça vous saute aux sens. Ici le moindre interdit est respecte a la lettre.
-Ne rien jeter dans la rue.
-Dans les espaces publiques fumer dans les espaces reserves a cet effet - sorte de borne composee d'un cendrier, de differents dessins vous expliquant pourquoi il est dangereux pour autrui que vous fumiez dans la rue et surtout d'une carte vous indiquant les Smoking Points les plus proches, histoire pour vous de preparer votre circuit a l'avance.
-Vous ne verrez jamais un japonais telephoner dans le metro car un petit panneau indique dans chaque wagon qu'autour des places reservees pour les personnes agees, les femmes enceintes et les handicapes (au nombre de 10 sur l'ensemble d'un wagon), il est interdit de telephoner. Alors ils envoient des messages !

-Ils font la queue. Enfin ! Bref voila un pays civilise!!!
Valeur pilier de leur collectivite, la notion de respect est presente partout. Respectueux de leur environnement, des individus, de la societe, de leur histoire comme de leurs ancetres, il erige la politesse comme le savoir-vivre en art. Respectueux et pourtant decadent. La rigidite du systeme le rend a certains egards archaique. Mais c'est les comportements originaux que cree cette rigidite qui sont les plus interessant. Les jeux, le sex, l'argent, l'extravagance de la jeunesse tout cela fait du Japon un pays. En tout cas il en donne une version differente de ce que j'ai pu voir en Europe ou en Chine.

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Un voyage heureux, ponctue de rencontres et d'oppositions sur cartes bleues. Plus qu'un voyage, cela devait une initiation. Votre petit frere n'a eu de cesse de rechercher un signe pouvant le mener sur la voie de sa quete. Chercher au loin ce qui etait a ses cotes. Car votre serviteur a des yeux, mais il n'a pas su reconnaitre la raison de sa venue ici.
L'amitie. Marcher en sa compagnie fait paraitre le chemin plus court. Et il le fut.

De retour dans la grande capitale du nord sur le continent, je prepare mon retour dans le le château Microsoft. C'est pour demain. Devant moi, un planning charge dont je me rejouie. Esperons qu'il me laissera assez de temps pour profiter de la Chine et de ma
ville.
Mais c'est une autre histoire, restons en la Venere frere, ce n'est pas la peine de continuer davantage. Comme dit le proverbe : "j'aurais beau vous reconduire pendant mille lis, il faudra quand meme finir par se quitter" Je bois avec toi les trois coupes de l'adieu en attendant de pouvoir a nouveau remplir nos coupes ensemble.

"Toi, mont, seul immuable dans le chaos des montagnes,
pente sans refuge, sommet sans nom,
neige eternelle qui fait palir les etoiles,
toi qui portes a tes flancs de grandes vallees
ou l'ame de la terre s'exhale en odeurs de fleurs.


Me suis-je enfin perdu en toi,
uni au basalte comme un metal inconnu ?
Plein de veneration, je me confonds a ta roche,
et partout je me heurte a ta durete.


Ou bien est-ce l'angoisse qui m'etreint,
l'angoisse profonde des trop grandes villes,
ou tu m'as enfonce jusqu'au cou ?

Ah, si seulement un homme pouvait dire
toute leur insanite et toute leur horreur,
aussitot tu te leverais, premiere tempete de monde,
et les chasserais devant toi comme de la poussiere.

Mais si tu veux que ce soit moi qui parle,
je ne le pourrai pas, car je ne comprends rien ;
et ma bouche, comme une blessure, ne demande qu'a se fermer,
et mes mains sont collees a mes cotes comme des chiens
qui restent sourds a tout appel."

- Rainer Maria Rilke "Livre de la pauvrete et de la mort" -

Le sang qui coule dans mes veines est le votre. Toi, ma belle du seigneur et toi, mon touche a tout de genie. Au regard de ce que j'ai fait jusqu'a present dans mon existence, je ne peux dire si je le porte dignement. Cependant il n'est pas trop tot pour honorer l'exemple que vous me donnez et esperer que ce sang me donnera la force de faire aussi bien que vous.
Bien que votre petit fils soit mal place pour juger de vos actes, l'humble jeune homme que je suis souhaiterai mettre par ecrit l'admiration qu'il vous porte. Au regard de votre vie passee, j'ai le sentiment que vous en avez fait quelque chose de votre temps. Plus que votre couple et la famille que vous avez fonde, mon exaltation se porte sur la place que vous avez donne a la creation dans votre vie. Vous avez tous deux mis de l'art dans votre quotidien. Plus que par les mots, vous vous exprimez par vos sens. J'en suis impressionne.
Hier, je suis alle chercher des negatifs donnes tardivement a developper. A ma grande surprise, parmi les planches contacts, je suis tombe sur des photos de noel dernier. Et notamment 4 photos prisent lors d'une quelque peu burlesque seance diapositive. A moi de m'extasier devant ce que je vois. Une femme belle comme le jour, emplie de joie de vivre, au sourire franc et poetique mis en valeur par un photographe amoureux et maitre du detail. Ces photos m'ont transporte. Et je me suis senti ridicule de vouloir me les approprier en les tirants. Et bien que le resultat soit remarquable, il n'en reste pas moins qu'une pale copie de l'originale.
Mamy, la joie de vivre que tu as insufflee par ta simple presence a ces photos me fait penser qu'il y a bien plus en toi que tu ne le laisses paraitre. Cette joie est toujours en toi, elle fait partie de ton sourire. Bien que le temps lui ait joue des tours ton aura est toujours la et ne te quitteras pas. Laisse moi revoir cette partie de toi que tu crois peut etre avoir perdu avec l'age et qui pourtant est la, en ton sein.
Papy, tu es pour moi comme un puit de science sans fond. Et je suis une modeste petite grenouille verte ayant comme unique envie de se delecter de ton nectar. J'admire en toi, cet amour du detail, cette recherche constante de savoir qui anime toute tes phases d'apprentissages. Tes photos sont magnifiques. Sont elles reflechies ou prisent dans l'instant ? Je ne sais pas. Le fait est qu'avec le temps, elles ont prit de la puissance. Je me demande si un jour j'arriverais au meme resultat. Si je ne me trompe pas, l'amour du travail bien fait est une de tes qualites. A moi de faire de meme.

Ces mots sont sinceres et penses. Je vous dois un profond respect pour l'œuvre de votre vie. Si je suis moi aujourd'hui c'est en grande partie grace ?vous. Par l'exemple donne, par l'inspiration partagee, par l'education transmise. Je m'incline devant vous et touche le sol de mon front par trois fois.
Il vous est peut etre bizarre de lire ces mots. Peut etre que vous ne comprenez pas pourquoi je les ecris. Mais ne les pensez pas en mal, prenez les comme ils viennent. Je voulais simplement, de maniere fort maladroite je m'en rends compte, vous expliquez ce que j'avais ressenti alors que j'etais, seul dans ma chambre noire la nuit derniere. Et il peut se passer beaucoup de chose dans l'esprit d'un homme seul dans le noir en tete a tete avec soi meme et devant l'œuvre d'un maitre.

Je vous aime